THE OCEAN + THE PRESTIGE
L’Usine à Chapeaux, Rambouillet (78), 05/05/2018

En ces périodes de ponts de mai à répétition ou de vacances pour certains, de grèves perlées pour d’autres, il n’y avait aucune excuse toutefois pour rater ce concert évènement de The Ocean à Rambouillet (date unique en Ile-de-France !) à l’occasion de la mini-tournée européenne célébrant le dixième anniversaire de l’album Precambrian du fameux groupe allemand (enfin onzième anniversaire conviendrait mieux puisque cet album clé dans la discographie de l’ancien collectif berlinois est paru en 2007 chez Metal Blade). Rappelons-le que The Ocean est depuis 2010 devenu un groupe régulier au line-up quasi-international où l’on retrouve notamment le chanteur versatile Loïc Rossetti qui est suisse francophone, et le nouveau bassiste suédois Mattias Hägerstrand, autour du fondateur et guitariste, le toujours très sympathique Robin Staps. Et ça faisait un bail que l’on n’avait pas vu The Ocean dans le coin après avoir écumé toutes les scènes du monde avec leur triptyque Heliocentric (2010) / Anthropocentric (2010) / Pelagial (2013).

[Texte et photos : Seigneur Fred]

THE OCEAN Loïc live@Rambouillet L'Usine à Chapeaux 05-05-2018 #4

En ouverture sur ce deuxième show après Dortmund, ce n’est malheureusement pas Rosetta (signé sur le label Pelagic Records de Robin Staps) mais nos Frenchies de The Prestige qui ont l’honneur d’ouvrir la soirée dans une Usine à Chapeaux pas tout à fait pleine (environ 150 personnes auront fait le déplacement.). Arborant un T-shirt de Nirvana période Bleach, le chanteur/guitariste Alex Diaz envoie la sauce devant un public observateur et réservé. Leur Punk/Hardcore Metal aux airs faussement mélodiques à la Poison The Veil (ils n’ont pas bossé avec Magnus Lindberg sur leur premier LP Black Mouths pour rien) interpelle avec des compositions solides, mais auxquelles il manque parfois des riffs fédérateurs, la faute peut-être à une batterie un peu trop envahissante pour s’en rendre vraiment compte. Le chant se veut assez convaincant, et nos Parisiens délivrent donc un set de préchauffe honorable, mais durant lequel on n’a pas réussi pleinement à retrouver toute la brutalité de leur dernier opus en date, Amer (Basement Apes Industries), disque que nous vous recommandons chaudement néanmoins.
Place au lever de rideau avec de copieux fumigènes (il en sera ainsi durant toute la soirée gâchant quelque peu les lights) sous fond des premières notes de Precambrian, plus précisément du second disque Proterozoïc qui sera joué ce soir intégralement, l’impasse étant faite par contre volontairement par Robin et sa bande sur le premier disque Hadean/Archaean, jugé moins intéressant à interpréter sur scène même en tête d’affiche. Ce choix pourra décevoir certains fans qui s’attendaient à voir jouer l’ensemble, mais finalement il s’avère judicieux, Proterozoïc possédant un fil conducteur musical plus émotionnel tout au long de ses détours, et ses sonorités sont plus propices à capter l’auditoire qui se serait probablement trop vite jeté corps et âme dans le dispensable et plus basique premier chapitre. On retrouve avec grand plaisir le chanteur Loïc Rossetti, véritable boule de nerfs sur cette petite scène rambolitaine partagée avec ses collègues, lui qui était absent à l’époque de Precambrian et qui doit donc s’approprier totalement les chants de ce troisième album majeur de The Ocean, n’hésitant pas à faire un ou deux stage diving et à marcher sur le public, tel Jésus marchant sur l’eau, quitte à arracher la prise de son micro. Parfois notre frontman suisse a tout de même un peu de mal (allant même se faire une petite infusion durant un passage instrumental pour préserver sa voix), la faute probablement à un agenda chargé en studio dernièrement, le chanteur étant en pleine session d’enregistrement pour les deux prochains albums à paraître successivement en fin d’année puis en 2019 chez Metal Blade et Pelegic Records (cf. interview sur notre site web) Plus statique et discrète, Dalai Cellai, la talentueuse violoncelliste et déjà connue des fans (on l’apercevait en live sur le coffret DVD Collective Oblivion au Museum Für Musikinstrumente de Berlin en 2011 puis lors de la tournée avec Mono et Sólstafir en 2015) accompagne le quintet sur cette tournée et apporte ainsi une belle valeur ajoutée à l’ensemble musical sur des titres tels que « Rhyacian » ou l’émouvant « Statherian ». Si à l’opposé de la scène, le leader Robin Staps se fait plutôt discret lui aussi malgré sa grande taille, il sait toujours faire parler la poudre avec sa six cordes néerlandaise Mozer notamment sur le massif et très attendu sixième titre « Ectasian » où le public se lâche enfin. Le set dédié à Proterozoïc de Precambrian s’achève au bout d’une bonne heure et on a droit à l’unique dernière chanson connue du groupe à ce jour, à savoir « The Quiet Observer » tiré du EP Transcendant qu’ils avaient partagé avec les Japonais de Mono. On reste tout de même un peu sur sa faim, car c’est un peu court, un ou deux titres en plus extraits par exemple de Pelagial ou Heliocentric n’auraient pas été de refus, car on s’impatiente depuis ces dernières années ! Allez, rendez-vous dans les bacs en fin d’année pour le prochain des deux albums de The Ocean. Et on n’oublie pas entre temps d’aller voir Igorrr le vendredi 1er juin 2018 à l’Usine à Chapeaux où la programmation musicale nous régale toujours autant.

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