HYPOCRISY : Chemical whorefare !

Lors de la promo de l’album End of Disclosure en 2013, nous avions demandé au célèbre producteur suédois Peter Tägtgren s’il s’agissait là du dernier chapitre pour Hypocrisy, en clin d’œil à son classique The Final Chapter, la réponse fut négative. Les années passèrent, et point de nouvel album studio à l’horizon, on aurait alors pu finir par penser le contraire… Après un passage live au Festival Motocultor 2019, c’est avec grand plaisir que nous avons retrouvé le leader du fameux groupe de death metal suédois en pleine forme pour nous parler de Worship ! Plus quelques révélations sur son divorce artistique avec un certain Till Lindemann… [Entretien avec Peter Tägtgren (guitares/chant) par Seigneur Fred – Photos : DR]

En tant que musicien très actif sur scène avec tes divers groupes, mais aussi producteur réputé à ton célèbre studio Abyss, comment as-tu vécu et occupé ton temps durant la pandémie l’an dernier en 2020 ? Le nouveau Hypocrisy était presque fini, je crois savoir, car au Motocultor 2019, tu avais annoncé sur scène, je me souviens, la sortie prochaine d’un nouvel album pour fin 2019/début 2020, mais voilà, ça ne s’est pas tout à fait passé ainsi…
Hum… En fait, le nouvel album de Hypocrisy était déjà enregistré en 2019, et l’épidémie liée au covid-19 est arrivée début 2020, tu sais. Des problèmes étaient déjà survenus dans le monde, mais là, c’était en février 2020, je crois, je regardais la TV et je me suis dit que j’allais me reposer un peu, surtout que je venais juste d’achever une longue tournée avec Lindemann… Au retour de tournée de Hypocrisy, j’avais déjà changé des éléments sur quelques morceaux, et il me restait uniquement le mixage à finir tranquillement en studio à la maison. J’ai alors pris mon temps, j’étais fatigué de tout à vrai dire, et ai pris un an pour faire ce que je ne peux faire chez moi en temps normal…

Hypocrisy avait sorti l’album Virus en 2005. On dirait que c’était un nom prédestiné au vu de cette crise sanitaire. En général, tu parles de science-fiction, or là c’est bien réel ! Quand tu réalises l’état de la situation actuelle, es-tu effrayé à l’écoute de tes propres chansons qui font écho aujourd’hui ?
Non, pas vraiment. Quand j’avais écrit mon histoire, j’avais fait pas mal de recherches en me documentant afin de voir ce qu’il pouvait se produire dans ce domaine. Et j’avais alors tiré mes propres conclusions, ce sont des idées personnelles nées à la fin de mon imagination, écrites de mon point de vue. Mais parfois en effet, malheureusement, la fiction rejoint la réalité, et alors là, oui, c’est plutôt effrayant…

Dans la vidéo du premier single « Chemical Whore », très sombre et doomy, extrait du nouvel album Worship, tu traites des médicaments et dénonces tout ce business de l’industrie pharmaceutique des labos, tout cela étant très d’actualité de nos jours avec la course au vaccin et sa production, ses licences, sa distribution… La jeune femme qui joue le personnage principal a des traits familiers. Elle te ressemble, on dirait ta fille, or à ma connaissance, tu n’as qu’un fils, Sebastian, qui joue d’ailleurs de la batterie parfois avec toi ?
Alors, le nom de la chanson, c’est “Chemical Whore” !! Et non “War” ! (rires, se moquant de mon accent français) Oui, j’y expose toutes ces merdes que l’on avale et qui nous rendent addictes, y compris notre porte-monnaie. Sinon, jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas de fille, ou alors on ne me l’a pas (encore) annoncé ! (rires) Il s’agit simplement d’une actrice ici. Mais cette vidéo a été enregistrée avant la pandémie, en septembre 2019, tu sais… Les paroles étaient déjà écrites avec le concept, donc pas de lien avec le covid-19 ici. Et oui, j’ai en effet juste un fils qui s’appelle Sebastian.

Pourquoi ne fais-tu pas jouer ton fils à la batterie dans Hypocrisy, sur album ou en concert, en guest ou bien tout du long, un peu comme Max Cavalera le fait avec l’un de ses fils, Zyon, dans Soulfly ?
Parce que j’ai déjà l’un des meilleurs batteurs du monde dans le groupe : Horgh ! (rires) Mais Sebastian a écrit entièrement une nouvelle chanson en revanche sur Worship.

Worship commence étonnamment par une intro jouée à la guitare acoustique, chose rare chez Hypocrisy. Cela m’a rappelé l’album The Fourth Dimension et la fin de la chanson-titre qui contenait un passage similaire à la guitare acoustique. Tu avais cette idée en tête ?
Ah oui ! Je vois. Cela aurait pu… Mais non, je n’y avais pas vraiment fait attention. En fait, c’est né en jouant assis avec ma guitare acoustique. J’en joue peu souvent, c’est vrai, mais sur les derniers albums de Pain, notamment Coming Home, si tu écoutes bien, il y avait déjà plusieurs titres ainsi. En construisant différentes harmonies, à force, c’est venu spontanément. J’ai eu un bon feeling, et j’ai gardé ça pour l’intro du nouvel album de Hypocrisy.

Sur l’artwork de Worship, on voit comme des temples mayas ou aztèques avec des vaisseaux aliens dans le ciel. Crois-tu comme certains, tout comme à Angkor au Cambodge, ou les pyramides en Egypte, que tout ça a été construit avec l’aide des extra-terrestres ? (rires)
Non, je pense que ce sont bien les Mayas qui ont construit ces bâtiments il y a longtemps, comme les pyramides égyptiennes durant l’Antiquité, pour être honnête. Peut-être ont-ils été aidés par des extra-terrestres, j’aimerai bien le croire, à moins que ce ne soit l’inverse ! (rires) Mais plus sérieusement, c’était donc une civilisation brillante, qui malheureusement s’est éteinte, à cause d’autres hommes… Tout ça, c’est quelque chose qui m’est venue à l’idée au moment d’écrire Worship. Après tout, l’être humain s’est vraiment développé il y a seulement peu de temps. On est resté très longtemps des homo-sapiens. On a construit Stonehenge en Angleterre il y a seulement vers deux-mille huit cent ans ou mille avant J-C, on ne sait pas trop. Auparavant, il y a eu des flux migratoires sur les continents, mais depuis tout ça, ces constructions se sont développées seulement récemment depuis deux mille ans. Et maintenant on les détruit…

Tu as cessé de travailler avec Till Lindemann l’an dernier (2020), après deux albums studio et des tournées avec donc le chanteur de Rammstein. Pourquoi avoir arrêté ce projet ? Ça se rapprochait un peu trop de ce que tu fais déjà avec Pain artistiquement parlant, peut-être ? Vous vous êtes fâchés et n’êtes plus amis ?
Disons que ça devenait un peu long… A l’issue de la dernière tournée, je me suis aperçu que ce n’était plus mon truc, tout simplement. Till continue sous son nom uniquement, Till Lindemann, à présent. Nous ne sommes plus du tout en contact. Je n’ai pas parlé avec lui, tu sais, depuis notre tout dernier concert, c’est-à-dire depuis début 2020…

Sinon à quand un nouvel album studio de Pain, après celui de Hypocrisy ? Et tant qu’à faire sur ma liste de Noël, à quand un nouveau disque de The Abyss aussi, ton ancien side-project Black Metal… ? (sourires)
Alors pour Pain, un nouvel album est en cours de réalisation. J’ai commencé à écrire de nouvelles chansons mais pour l’heure priorité à Hypocrisy. Quant à The Abyss, je suis trop vieux et bien trop fainéant maintenant pour me remettre à la batterie ! (rires)

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