FM : La force tranquille

C’est en architectes de la mélodie que les vétérans britanniques de FM sortent leur treisième opus tout simplement intitulé Thirteen. Celui-ci risque bien de surclasser la concurrence du côté des sorties Frontiers Music en ce début d’année… [Entretien avec Steve Overland (chant/guitare) par Philippe Saintes – Photos : Tony Ayiotou]

Atomic Generation et Synchronized ont eu beaucoup de succès au Royaume-Uni. Avez-vous ressenti une quelconque pression au moment d’enregistrer ce nouvel album Thirteen ?
Pour être honnête, non ! Ce nouvel album est juste un pas en avant pour moi en tant qu’artiste. Nous n’avons jamais d’idées préconçues au moment d’entamer le travail de composition. On arrive généralement avec une vingtaine de chansons sans penser au disque précédent. Cette fois-ci, tous les membres ont participé à l’écriture. Nous avons profité du confinement pour échanger des idées, proposer différentes possibilités. Jim (Kirkpatrick) a co-écrit les paroles de trois morceaux dont la plage d’ouverture « Shaking The Tree » qui est un commentaire sur le fonctionnement de la société. Pete (Jupp) est l’auteur de « Fight Fire With Fire », un titre qui entretient notre héritage. On trouve en fait deux ou trois morceaux catchy pour satisfaire nos fans mais Thirteen propose des chansons bluesy, pop et heavy. Même si FM est reconnu pour mélanger les genres, c’est certainement notre album le plus varié car chacun a amené ses influences. J’adore ça ! L’inspiration ne vient plus seulement de moi. C’est rafraîchissant pour le groupe et cela m’enlève de la pression.

À l’instar d’autres formations britanniques comme les Quireboys ou Thunder, FM n’est pas parvenu à décoller aux States. Pourquoi ?
Nous avons été victimes d’un imbroglio entre CBS Etats-Unis et sa filiale locale au Royaume Uni après la sortie de nos deux premiers disques. De nombreuses personnes appréciaient notre musique outre-Atlantique et voulaient nous voir jouer là-bas. Notre manager John Barrack (Barrack/Consolo) travaillait à l’époque avec The Eagles, REO Speedwagon, Survivor ou Gino Vannelli. Il a bossé très dur pendant trois ou quatre ans mais la maison de disques en Angleterre n’a pas voulu nous laisser partir à cause d’un contrat d’exclusivité et cela a anéanti nos chances de conquérir le marché américain. Nous avons gardé un cercle de fans et des critiques fidèles aux States. Je garde aussi un excellent souvenir de la tournée US avec Ratt et surtout Bon Jovi. On a été les témoins de l’ascension de ce groupe qui est passé du statut de formation de première partie à celui de mégastar à l’échelle mondiale grâce aux ventes colossales de l’album Slippery When Wet. On était très complice avec John (Bon Jovi) et Richie (Sambora). Ils se donnaient toujours à deux cent pour cent sur scène. Ils ont vraiment mérité ce succès.

Que deviennent les membres fondateurs de FM : Didge Digital (claviériste) et ton frère Chris (guitariste) ?
« Mad » Didge fait toujours partie de la « famille ». Quand nous jouons près de chez lui, il nous rejoint systématiquement sur scène. C’est aussi un excellent ami de Jem. Nous avons effectué une tournée de six semaines en Europe avec Saxon en 2018. Comme Jem n’était pas disponible, Didge a assuré les claviers sur toutes les dates. Quant à Chris, il habite aujourd’hui dans le Norfolk. Il consacre toujours du temps à la pratique de la guitare mais il s’est retiré du circuit. Il n’a plus envie de faire cela sérieusement car il n’apprécie pas la pression inhérente à ce métier.

Maintenant, peux-tu présenter les qualités de tes complices actuels ?
Merv (Goldsworthy) est le ciment du groupe. C’est lui qui organise les tournées. C’est une sorte de musicien-manager. Pete est dans son élément dans un studio. C’est un as des logiciels. Vous pouvez obtenir tous les sons que vous désirez avec lui. Il adore essayer de nouvelles choses. Jim est le plus rock’n’roll de nous cinq. Sa personnalité attire l’attention. C’est en quelque sorte notre « madman » (rires). Enfin, Jem (Davis) est la personne la plus adorable qu’il m’ait été donné de rencontrer. En tournée et dans la vie, on est inséparable. Il nous arrive régulièrement d’aller manger ensemble car nous vivons dans la même région. C’est aussi un fameux claviériste.

Un album solo, un live et deux disques studios avec FM ainsi que d’autres projets vinyliques en cours, en seulement deux ans. Tu ne t’arrêtes donc jamais ? (rires)
Je m’accorde deux à trois semaines pour me reposer auprès de ma famille chez moi, au milieu de l’Angleterre, sans penser à la musique. Je me ressource pour être à nouveau créatif. 2020 et 2021 ont été des années particulières. Etant privé de tournée, je me suis mis à échanger avec des personnes sur Facebook pour leur donner des conseils en matière d’écriture. J’ai composé, produit et enregistré différent type de musique pour compenser le vide laissé par l’absence de public et la joie des concerts. J’ai ainsi collaboré avec de jeunes artistes issus de la pop et du funk, notamment pour le label Crusaders. Ecrire de nouvelles chansons, c’est devenu comme un devoir, une hygiène de vie.

Sinon, au mois de mai 2022 sortira sur le label Escape Music, Sundown le deuxième album de Lonerider. C’est déjà ta troisième collaboration avec le batteur Simon Kirke (Free, Bad Company)… Quelques mots pour conclure à ce sujet peut-être ?
L’aventure a en effet commencé en 1983 avec le deuxième album de Wildlife. Retravailler avec Simon était ma priorité. C’est l’un des meilleurs batteurs de l’histoire du rock. Il suffit d’écouter son jeu qui balance sur « Feel Like Makin’ Love » ou « Good Loving Gone Bad ». Aujourd’hui, il continue d’explorer le style blues rock. La puissance qu’il dégage est fantastique. J’ai assisté à un concert de Bad Company à Cardiff aux Pays de Galles, en 2016. Rentré à la maison, j’ai envoyé un e-mail à Simon pour lui proposer de retravailler ensemble. Une demi-heure plus tard, j’avais déjà sa réponse : ‘Je suis content de te lire Steve. Envoie-moi une démo trois titres.’ C’est ce que j’ai fait et il a tout de suite répondu favorablement. Lonerider était né. Mon ami Chris Childs (Thunder) est à la basse et Steve Morris (Ian Gillan) aux guitares. Ce projet est vraiment dans la continuité de Bad Company et j’en suis très fier car je suis un fan absolu de Paul Rodgers. Attitude, le premier opus de Lonerider est très bon, mais Sundown est à mon avis un cran au-dessus. Avec FM ou Lonerider, il me tarde de partager la musique en live avec le public.


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