ABBATH : Battle in the North

26 Mars 2015 : coup de tonnerre dans le grand Nord ! Immortal, l’une des plus grandes légendes de la scène Black Metal norvégienne splitte, et ce pour la seconde fois (un break ayant déjà eu lieu entre 2003 et 2007). Si pour certains fans, All Shall Fall fut en 2009 un album en deçà dont le titre possédait peut-être un message prémonitoire ( « Tous tomberont » ou « Tout chutera » en français.), le charismatique guitariste/chanteur Abbath se voit désormais contraint de faire bande à part pour jouer sa musique, s’entourant de King ov Hell à la basse et d’une certaine Créature à la batterie (Kevin Foley/Benighted pour ne pas le nommer mais il a quitté Abbath depuis.). Le combat juridique faisant rage pour l’utilisation du nom et des droits du groupe et même si Demonaz et Horgh continuent l’aventure, l’ex-cofondateur d’Immortal repart en guerre avec un honnête premier album éponyme et se livre ci-dessous… [Entretien avec Olve « Abbath Doom Occulta » Eikemo (guitares/chant)
par Seigneur Fred – Photos : DR]

Abbath cover

Tout d’abord comment vas-tu, à quelques semaines de la publication de ton album éponyme et comment s’est passé le premier show français d’Abbath en septembre dernier dans le cadre du festival Fall Of Summer ?
Ça va (en français), merci ! En fait j’étais épuisé ces jours-ci et je dois t’avouer que j’étais malade en plus la semaine dernière mais là ça va, je suis en pleine forme et prêt pour le combat ! (rires)

Tu as donné ton premier show français avec Abbath en septembre 2015 dans le cadre de la seconde édition du festival Fall Of Summer en région parisienne. Quelles furent les premières impressions du public ?
Très bonnes, excepté le son pourri sur scène !! (rires) On a passé un bon moment, vraiment, et j’ai rencontré mon ami Hervé, responsable Osmose Productions. Il y avait aussi Mickael de chez Season Of Mist, mon nouveau label, donc c’était vraiment très sympa tout ce petit monde français autour de moi.

Vous y avez joué des titres d’Immortal, I et testé quelques nouveaux morceaux alors ? Es-tu confiant ?
Oui, quelques-uns, mais j’aime plus largement ma musique. Récemment, on vient de jouer chez nous en Norvège au Blekk Metal festival à Bergen où l’on a joué trois nouveaux titres justement d’Abbath, ainsi que des extraits de l’une de nos deux démos Abdunctions Of Limbs de mon premier groupe Old Funeral, et une reprise de Celtic Frost, « Creation Of The Wicked ». Là encore il y avait Hervé d’Osmose Productions et Mickael de Season of Mist, et on a bien rigolé, en jouant au foot derrière la scène durant les balances. Et d’ailleurs, sans faire exprès, lors d’un but sur une attaque, j’ai blessé Mickael… (rires) On a aussi fait le festival à Tokyo au Japon (Loud Festival) en plus du Fall of Summer et celui-ci à Bergen. On a fait aussi quelques dates en Australie et de la promotion en Angleterre cet automne. En Australie, y avait une super ambiance, tu sais, dans un club comme dans un pub, le public était très sympa. Je suis donc assez confiant pour la suite avec le nouvel album. Seul le nom change mais je continue et peu m’importe. Je suis bien entouré avec une super équipe dont King ov Hell à la basse (NDLR : ex-Audrey Horne, ex-Sagh, I, ex-Gorgoroth, ex-God Seed, King ov Hell). J’ai un super batteur Creature (NDLR : Kevin Foley alias « Creature » de Benighted vient malheureusement de quitter Abbath entre temps). C’est sûr, je ne voyais pas trop mon nom comme nom de groupe, mais bon j’ai toujours été tour à tour bassiste et guitariste, et je composais la musique d’Immortal toutes ces dernières années. Alors nous verrons bien, Abbath sera soit un magnifique nouveau commencement soit un magnifique début de la fin ! (rires)

À présent, je suis obligé de te poser la question que tous les fans se posent naturellement : pourquoi as-tu quitté Immortal sachant que Demonaz et Horgh continuent le groupe désormais sans toi… ?
(silence) Hé bien… (d’un ton grave et en retrait) En premier lieu, je ne me sens pas du tout comme si j’avais quitté le groupe, tu sais. Immortal a quitté le groupe, pas moi. Donc, parfois, c’est encore dur à réaliser, mais ils ont voulu continuer et prendre le nom, faire les choses à leur manière, moi pas alors ça n’a pas fonctionné, donc voilà où on en est. C’est mauvais, alors dans ces cas-là, tu fais ton truc et tu pars en guerre, direction Blashyrkh !!! (cris suivis de rires)

À propos du nom et des droits d’auteur d’Immortal, conserves-tu les droits de jouer les chansons d’Immortal ?
Bien sûr ! Je joue toujours la musique d’Immortal, et c’est la mienne aussi. Donc oui, je peux continuer à les jouer et eux aussi, mais ce sont mes chansons aussi. Il n’y a aucun putain de problème. Ce n’est pas comme Bömbers où il s’agit de reprises et de toute façon Lemmy approuve notre démarche avec Bömbers, on a d’ailleurs une K7 d’interview avec lui où il accepte cela, c’est énorme… (rires)

Parlons musique maintenant. Sur ce premier album éponyme, as-tu composé ces huit chansons spécialement ou bien il y a des morceaux qui étaient prêts pour un prochain album d’Immortal ou d’I, ton side-project ?
Alors, c’est bien de moi, et ce n’est pas mon genre. Tu sais, j’ai même encore deux albums quasiment de prêts sous le coude. Il n’y a plus qu’à répéter un peu et à les enregistrer en studio. Ce premier album, c’est toute ma musique. Je me suis un peu embrouillé avec les gars d’Immortal alors que moi, je ne demandais qu’à répéter. Mais aurais-je dû leur laisser ou bien continuer seul ? Voyons, c’est ce que je voulais faire, et King m’a pas mal aidé aussi. Dans le passé, il avait déjà participé à l’album d’I. Il n’a pas composé, mais son jeu de basse sur l’album est tout simplement impressionnant, c’est un musicien incroyable, un putain d’alchimiste ! La façon dont on a travaillé, et avec le batteur aussi, ce fut génial. Ces chansons n’auraient pas aussi bien sonné si ça avait été avec Immortal. De toute façon, quelque chose avait disparu entre nous, spécialement avec Horgh, et je me demande bien ce que cela aurait donné… Peut-être qu’un jour, on refera quelque chose avec les gars d’Immortal.

Mais il y avait des chansons prévues pour Immortal, oui ou non ?
Tu as très bien entendu, avec Immortal cela aurait été différent comme je t’ai dit, et je ne veux pas me battre de toute façon pour le nom d’Immortal. Il s’agit bel et bien de ma musique, tout simplement. Ce nouvel album ne serait probablement pas sorti, que ce soit cette année ou plus tard. Voilà pourquoi je l’ai réalisé avec ces gars-là, King et Creature. J’ai été très chanceux de collaborer avec eux au bon moment.

Quelques mots sur sur la chanson « Fenrir Hunts » tout d’abord qui fait référence au loup et qui bénéficie d’une vidéo très brute enregistrée en studio ?
Ouais, c’est le loup dans notre mythologie. Tu sais, c’est le fils de Loki. Il y a un côté animal, sauvage, cela parle d’une bête féroce qui devient folle. Cette nature qui est en nous et qui nous fait continuer et mener un combat… On devient parfois hors de contrôle, telle une bête. Quant à la vidéo, elle a été enregistrée live en studio quand on est allé en Angleterre faire les photos de promotion du nouvel album à Londres. C’était très sympa. (rires)

Et à propos du morceau « Winter Bane » ? Qui a eu l’idée des percussions très massives sur ce titre ?
C’est ma musique, tu sais, mes percussions. C’est Kevin qui joue dessus. Pour les paroles, je n’ai pas tout écrit. C’est massif, en effet. C’est comme un état d’esprit dans une guerre intérieure, au cours d’un conflit intérieur. J’avais dès le départ de ce titre. Cela te donne la force de continuer le combat…

Quant à la chanson d’ouverture de l’album, « To Hate », c’est vraiment une déclaration de guerre musicale ?
Le titre d’introduction est en effet très guerrier, comme une marche en quelque sorte qui arrive, un peu comme sur « Blashyrkh (Mighty Ravendark) » très entraînante. C’est comme une procession d’une horde d’orcs qui débarquent en enfer ! (NDLR : il se met alors à battre la cadence et à chantonner dans tous les sens reproduisant cette chanson)

Abbath Tower

Et pourquoi ces claviers qui surgissent subitement comme sur « Ashes Of The Damned » ?
Oui, je sais, je sais, putain, c’est en studio, on a déconné en rajoutant ça. C’est génial, on a essayé des trucs et là on s’est dit, tiens, si on essayait ça ! (NDLR : il chante là encore.) On s’est dit que ça faisait penser un peu au film avec Robert de Niro et Nick Nolte « Les Nerfs à Vif » (Cape Fear en V.O.). Alors on s’est dit cool ! On garde ça. (rires)

Crois-tu que les fans vont apprécier cela ? (rires)
C’est un risque, c’est sûr, mais je fais avant tout la musique que j’aime et dont j’aie envie. SI je dois prendre en compte le reste du monde, OK, mais bon dans ces cas-là je ne fais plus rien. S’ils n’aiment pas, tant pis. Je prie mes démons…

Comme sur l’album Blizzard Beasts..?
Ah oui ! Il y avait des claviers sur Blizzard Beasts ?! Tu es certain ? (rires) Ah oui, parfois, notamment sur l’intro…

Pourquoi avoir d’ailleurs choisi de réinterpréter et de mettre en titre bonus la chanson « Nebular Ravens Winter » extraite à l’origine de l’album Blizzard Beasts ?
Parce que c’est probablement l’une de mes chansons favorites d’Immortal et je voulais la reprendre tout simplement. Ça me faisait plaisir et c’est une part de moi. Elle figure donc sur l’album. Et sur l’EP Count The Dead disponible uniquement en vinyle, il y a sur la face B une autre reprise dont j’avais l’idée depuis très longtemps : « Riding on the Wind » de Judas Priest !! (NDLR : il se met à chanter alors le refrain)

Abbath Bench

Comment vois-tu ton avenir dans la musique sur la scène Black Metal ?
Je me vois occupé, actif, et faire ce que j’aime. Avoir un groupe, répéter avec les gars, j’adore ça ! Dans l’immédiat, on va beaucoup répéter là, puis on va partir en tournée en Europe avec Behemoth, Entombed et Inquisition dans le cadre de Europa Blasphemia Tour 2016, puis on va enchaîner les concerts aux Etats-Unis avec le Decibel Tour 2016 au côté de Hight On Fire, Skeletonwitch et Tribulation en mars/avril et enfin les festivals cet été. Après, je ne demande rien d’autre. Abbath ne suit pas les modes, et Abbath est bel et bien vivant.

Et quel regard portes-tu sur la scène Black Metal de nos jours ?
Je ne sais pas quoi penser de ça. Selon moi, le Black Metal d’antan a disparu, c’est sûr, ça fait partie du passé. Ce qui va arriver, nous verrons bien… L’histoire nous le dira. Mais de toute façon, le Black Metal, c’est Venom et tous ces premiers groupes. C’est leur album Black Metal et point. (rires) Et mon premier vinyle fut celui de Welcome To Hell

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